Cette calculatrice mécanique miniature, dite "moulin à poivre", fut fabriquée entre 1954 et 1973. Elle succède à la Curta I, et est une version augmentée dans la capacité mais qui fonctionne de la même façon. Curt Herzstark en est l'inventeur. Il a déposé seize brevets dans les années 1940-50. Le dernier brevet, n° CH322996 correspond à cette version de machine. Il fut déposé en 1952 et attribué en 1957. Le brevet correspondant rédigé en français est le BE508570, déposé en février 1952. Il existe de nombreuses versions de cette machine, avec quelques variations de la couleur. Par exemple, les curseurs sont parfois rouges et noirs, ou encore, le carter peut-être doré. De même que la boîte métallique dans laquelle se range la Curta est parfois différente par sa forme. Le modèle présenté ici date de 1956. Elle fut livrée avec le manuel d'utilisation. Un manuel complémentaire permettait de se familiariser avec les extractions de racines et de mettre en place différents algorithmes. A l'époque, cette "machine à calculer de poche" est vantée à travers la publicité, comme celle-ci trouvée dans un livre sur l'utilisation de la règle à calcul, datant de 1952. Quoi qu'il en soit cette calculatrice est une merveille de la technique basée sur le principe du pignon décalé de type cylindre de Leibniz. |
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Ces calculatrices ont été fabriquées à plus de 141.000 exemplaires en l'espace de 24 ans (1948 à 1972). Elles étaient destinées aux ingénieurs et à ceux qui avaient besoin d'exécuter des calculs rapides en toute circonstance. La règle à calcul était l'outil annexe. Le site de Rick Furr vous donnera bien d'autres renseignements. Cette machine a appartenu au Professeur Jean Chevreau, médecin passionné par l'évolution des techniques. Rapidement, il acquit toute la série des calculatrices Hewlett-Packard. |
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Brevet n° CH 322886 déposé le 31 août 1953 à Nendeln (Liechtenstein) et validé le 15 août 1957. Ce brevet témoigne de l'extrême intelligence des ingénieurs européens et de cet attachement à la mécanique. Il montre bien la frontière culturelle qui persiste encore aujourd'hui dans les esprits entre la culture électronique importée des Etats-Unis et du Japon et la culture mécanique, traditionnellement européenne. On est en face du même rapport en lisant les brevets déposés par Facit A.B. au début des années 1970, alors que les Etats-Unis travaillent d'arrache-pied pour percer le mystère du microprocesseur. En face d'une machine comme celle-là avait-on besoin de créer des calculatrices électroniques ? Il est clair que cette calculatrice ne nécessite aucun entretien, et que l'énergie nécessaire n'est autre que l'énergie fournie par la main lorsqu'elle tourne la manivelle. On peut extraire des racines cubiques. Et l'utilisation de cette machine nécessite un certain sens des mathématiques et de l'arithmétique. |
Publicité pour la Curta inclue dans l'ouvrage de Raymond Dudin, La règle à calcul, Paris, Dunod, 1952 |
Curta type 2 modèle 2
N° 549468 Made in Liechtenstein by Contina Ltd Mauren Commercialisée en France par Innova Progressivement, la firme Contina
qui se chargeait de fabriquer la Curta vint à introduire des
matériaux en plastique afin de réduire les coûts de
production. Sur ce modèle, repérable facilement aux
curseurs rouges permettant de séparer les séries de
nombres, la manivelle ainsi que la manette pour la remise à
zéro sont en plastique noir. Ce sont visiblement les deux seules
pièces en plastique, mais il se peut que d'autres pièces
à l'intérieur le soient également. Autre
modification, les deux bagues offrent une finition par moletage plus
large.
Cette calculatrice manuelle ne consomme aucune énergie électrique, est conçue pour durer des siècles, et possède des capacités qui dépassent en précision les calculatrices électroniques avec 15 chiffres au totalisateur. |
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La boîte aussi a été changée pour du plastique,
peut-être de la bakélite, mais je pense plutôt
à un plasique de type polypropylène noir (?). Ce qui fait
de ce modèle un ensemble plus fragile qui nécessitera une
conservation préventive adaptée. Reste que ces particularités sont souvent absentes des descriptions faites sur les sites de vente aux enchères. La plus ancienne Curta 2 que j'ai trouvée fabriquée sur le modèle 1 est la numéro : 508041 La plus ancienne Curta 2 que j'ai trouvée fabriquée sur le modèle 2 est la numéro : 516256 |
Récupérez ici la traduction des articles de Peter Kradolfer sur
Curt Herzstark, sa vie et la Curta
Un modèle destiné aussi à la spéculation
La Curta, de part son originalité, sa taille, son fonctionnement et sa robustesse est devenue un modèle de spécultation sur e-bay. J'ai trouvé, par exemple, le modèle n°528776, acheté 565 euros le 18 août 2006, et revendu en octobre 649 euros. Certaines enchères montent jusqu'à 800 euros ! La première mise en vente au même prix en septembre n'avait pas recueillie de client. Compte tenu du nombre d'enchérisseurs par cession (quinze à vingt), l'appel à la spéculation reste du domaine du possible, et en soit n'est pas condamnable. Il est pourtant dommage qu'un tel objet serve d'objet de transaction marchande à des fins spéculatives. Je crois que l'objet technique a beaucoup plus à raconter (ra-compter). Parfois, des internautes m'en proposent une. Si vous avez l'envie ou la passion des machines, vous pouvez toujours m'en faire don car pour ma part, je n'y mettrais pas 500 euros.